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Sayfutdinov, le surdoué du Speedway


Le prodige russe du Championnat du Monde FIM des Grands Prix de Speedway Emil Sayfutdinov révèle quelques secrets.

À 19 ans, le Russe était le plus jeune pilote de la compétition et le double champion du monde Juniors a réussi l'exploit de remporter le premier Grand Prix, en République tchèque.

L'histoire de celui qu'on appelle la Torpille russe est intimement liée à ses origines. Sayfutdinov est né en 1989 dans la petite ville de Salavat, une région entièrement acquise au Speedway. Son père Damir était pilote de motocross, son frère aîné de huit ans, Denis, a lui aussi passé bon nombre d'années sur les ovales.

Sur la glace de cette région, Emil a commencé la compétition à neuf ans. Il a acquis sur cette surface impitoyable son sens de l'équilibre et de la glisse. Quatre ans plus tard, il délaissait définitivement le tout-terrain pour la course sur ovales qu'il pratiquait au club du Mega-Lada. Dès ses 14 ans, il prenait part - sur dérogation de la Fédération russe - aux courses Seniors.

"Le Speedway a toujours été ma vocation", raconte Emil. "C'est à tout le moins mon travail. Si je n'avais pas fait cela, j'aurais probablement essayé de percer en motocross. Mais dans tous les cas, je serais dans les sports mécaniques. Je ne peux pas m'imaginer ailleurs. C'est une école de vie. Un sport très dur. Il y a quelque temps, jamais je n'aurais pensé laisser mes enfants (il n'en a pas encore) faire cela. Mais j'ai changé d'avis depuis. S'ils sont intéressés par le Speedway, je serais heureux de leur faire partager mon expérience."

Les laissera-t-il partir à 16 ans pour piloter dans le championnat polonais comme lui l'a fait après des tensions avec son club et son père ? Cette expérience fut aussi très profitable pour le champion qui est devenu indépendant. Un an plus tard, Emil pilotait dans les championnats russe, suédois et polonais et remportait son premier championnat du monde des moins de 21 ans. Un titre qu'il conservait en 2008. Cela lui ouvrait les portes du SGP 2009.

"Cette saison a été très difficile pour moi", a déclaré le pilote qui est aujourd'hui installé à Saint-Pétersbourg. "Parfois, j'avais deux meetings dans une même journée. J'ai fait tellement d'heures dans les avions que j'avais l'impression que c'était chez moi. Tous les sportifs professionnels doivent consacrer un maximum de temps à leur sport mais, parfois, avoir de vraies vacances d'été avec ma famille me manque."

L'année 2009 l'a vu aussi entrer dans l'Histoire de sa discipline. En gagnant le premier Grand Prix de la saison, il est devenu le plus jeune vainqueur de tous les temps dans la série. "Les gens me disent que j'ai un grand talent", affirme-t-il. "Mais je pense que le talent n'est pas suffisant. Il faut beaucoup de travail."

Sur le plan mental, il met en avant une assurance impressionnante pour son âge. "Avoir peur de l'échec n'a aucun sens. C'est votre vie et il faut tout donner avant de songer à laisser tomber quoi que ce soit. Au début, je pensais 'à quoi bon faire cela si c'est si effrayant ?' mais j'ai réalisé que c'était mon destin et qu'il n'était pas nécessaire d'avoir peur. Tout ce dont j'ai besoin c'est simplement d'essayer. L'expérience vient de la victoire sur ses peurs." Pour réduire le stress, Emil a établi des règles simples. Beaucoup de repos et rester seul avant la course. Surtout, comme il l'affirme souvent : "Pour un pilote qui commence à être trop fier de lui, c'est le début de la fin".

Tatiana Savina