Avec 9000 kilomètres, dont 5000 en spéciale, le Dakar 2015 promet d'être fidèle à sa réputation. Le pilote Yamaha Olivier Pain donne ses impressions.
Appréciation générale
“Ce qui me frappe avant tout dans cette édition 2015 c'est la proximité avec la première fois où nous avons couru le Dakar en Amérique du Sud, c'était en 2009 avec un départ et l'arrivée à Buenos Aires. Je me rappelle très bien de la foule énorme qui était venue nous voir. Je m'attends à ce qu'il y ait autant de monde le 4 janvier. C'est une manière fantastique de démarrer la course. Vous êtes portés par l'enthousiasme. Je suis certain que nous aurons droit à ce genre d'accueil pendant toute la boucle que nous allons faire à travers l'Argentine, le Chili et la Bolivie."
Première semaine
"Si l'on regarde le parcours de plus près, on peut voir déjà ce qui nous attend. Le premier jour, nous aurons une longue étape, mais une spéciale qui sera courte avec 663 et 175 km respectivement. Cela ressemble un peu à un prologue géant sans grande difficulté. Le défi, ce sera de ne pas se laisser emporter et de ne pas faire des choses un peu stupides dès le début de la course. Il faudra aussi se placer parmi les meilleurs d'entrée pour ne pas être ralenti au milieu du paquet. Il faut être bien placé à l'abord de la traversée des Andes et à l'entrée au Chili."
"À partir de la deuxième étape, on peut vraiment dire que le Dakar commence avec deux étapes difficiles vers Chilecito. Par le passé, cette région a causé de nombreux problèmes aux compétiteurs, elle met à l'épreuve les capacités techniques. Dans la précédente édition, nous avons connu des températures qui étaient au-delà des 40 °C. C'est très difficile à la fois pour le pilote et pour la machine. Vous ne voulez pas vous mettre dans le rouge, mais vous ne pouvez pas vous permettre de perdre trop de position. Il y a quelques années, nous avons connu de gros orages et cela peut aussi causer quelques problèmes. Quels que soient les conditions, ces deux étapes devront être abordées avec le plus grand soin."
"À partir de Chilecito, nous aurons une longue liaison par-delà les Andes en direction de Copiapo. Nous nous attendons à des températures froides, au-dessous de zéro, ce qui les parrains lorsque vous roulez à 4800 m d'altitude. Cela sera effectué en liaison, mais tout de suite après, la course va reprendre de l'autre côté avec de nouvelles étapes difficiles avant le jour de repos. Vous voulez en général marqué le coup avant le passage des Andes. Ce sera le minimum vital !"
"Le désert d'Atacama est toujours le temps fort du rallye et c'est quelque chose que je suis pressé de vivre à nouveau. Nous sommes dans de grands espaces où savoir naviguer est essentiel. Personnellement, c'est un défi que j'adore relever. Je ne suis pas du genre à suivre les autres aveuglément. Je vais regarder mon roadbook avec la plus grande attention pour essayer de réussir une série de bons résultats. La course se gagne ou se perd souvent dans ces endroits. C'est l'essence du rallye raid." "Ensuite, nous arrivons à Iquique où nous aurons un jour de repos bien mérité. C'est un peu un euphémisme parce que entre les différentes réunions avec les équipes et des interviews avec la presse, ce n'est pas vraiment du repos ! Néanmoins, j'espère mettre un peu de l'ordre dans mes affaires et en profiter pour faire une sieste l'après-midi."
Deuxième semaine
" Juste après le jour de repos, nous prenons la direction de la Bolivie pour deux jours. Les organisateurs ont trouvé des pistes réservées aux motos, je pense que pour nous ce sera assez similaire à ce que nous avons vécu l'année dernière, sans trop de problèmes. Il y a cependant trois éléments qui pourraient compliquer les choses. Le premier c'est que nous sommes en marathon, cela veut dire que nous n'avons pas d'assistance mécanique pendant la nuit. Ces étapes marathon sont toujours très particulières pendant le Dakar. Les pilotes sont laissés livrer à eux-mêmes, dans des conditions assez basiques. Cela crée une ambiance plus intime, très différentes. Évidemment, ne pas avoir d'assistance ajoute une dimension supplémentaire à la course. Si vous avez un problème, quel qu'il soit, avec votre moto, vous devez rapidement vérifier, vous êtes capable de changer un filtre à air et vous devez vous occuper de votre roadbook. Mais si vous chutez ou si vous avez un souci mécanique, alors vous savez que c'est une longue nuit qui se prépare pour vous, avec beaucoup d'improvisation pour effectuer les réparations nécessaires afin de pouvoir repartir le lendemain. L'autre défi à relever c'est que le bivouac est situé à 3500 m d'altitude, et cela fait une différence. La respiration est courte et le sommeil n'est pas d'aussi bonne qualité. Cela rend la fatigue plus difficilement supportable !" "De retour vers Iquique, nous traversons le plus grand lac salé du monde. Il mesure 100 km de long. Nous sommes supposés de traverser, mais l'année dernière, il n'était pas totalement à sec. On ne sait pas encore si ce sera praticable. Ce qui est sûr, c'est que l'organisation ne pas prendre de risques."
" Le lendemain, nous faisons nos adieux au désert d'Atacama, il peut toujours y avoir des surprises avant une nouvelle traversée des Andes en direction de Salta. Ce sera notre deuxième étape marathon dans ce rallye. Il est clair que ce sera l'une des plus difficiles. Pour ne rien arranger, le départ est donné à 3600 m d'altitude, il n'y aura pas beaucoup d'oxygène, que ce soit pour la machine ou pour les pilotes. Ensuite, à Salta, nous aurons à nouveau droit à une assistance mécanique. Mais en attendant, il faudra être vraiment très attentif aux pneumatiques par exemple, pour ne pas les détruire. Par chance, sur notre moto, nous avons un réservoir composé d'un seul récipient, ce qui devrait être beaucoup plus pratique pour nous."
"Après cela, en théorie du moins, le retour vers Buenos Aires devrait être assez simple. Ce ne sera que de la piste utilisée en mondial des rallyes. Enfin, j'ai dit en théorie parce que vous ne savez jamais vraiment ce que l'organisation a prévu, vous ne connaissez jamais vraiment le terrain, où vous ne savez jamais vraiment ce que le sort va vous réserver. On n'en saura un peu plus lorsque nous serons à pied d'œuvre à Buenos Aires pour le départ. En attendant, je reste sur mes gardes. Il est souvent tentant de se projeter trop loin en avant, de se faire son propre film du Dakar, de courir dans sa tête avant même le départ. L'expérience m'a appris qu'il valait mieux vivre au jour le jour. Ce qui est sûr, en attendant, c'est que le Dakar va nous offrir une fois de plus le défi le plus difficile à relever en termes de sports mécaniques sur cette planète et ce sera une manière magnifique de commencer cette nouvelle année !"