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Histoire des Courses sur Glace


Il est assez difficile de savoir avec précision quand et où quelqu’un a eu l’idée de mettre une moto sur la glace. Evidemment cela a dû arriver dans des pays où les conditions climatiques permettaient ce genre d’expérience. Les premières mentions de courses sur glace datent de 1924 en Suède ; au début des années 30, des motos avec des cadres rabaissés roulaient avec des pneus équipés de petits clous, et dérapaient quelque peu de l’arrière dans les virages. Des courses étaient organisées sur des pistes tracées sur des lacs gelés. Puis, des clous plus longs furent utilisés, permettant au pilote d’aller plus vite et de prendre des angles plus impressionnants en courbe. Cela se passa lors d’une course à Stockholm en 1933. La Course sur glace apparut ensuite juste avant la Deuxième Guerre Mondiale en Union Soviétique – d’abord en tant que démonstration en 1938, puis en mars 1939 lors de la première compétition officielle à Moscou.

Après la guerre, des Championnats nationaux se développèrent en Scandinavie et en URSS et se répandirent dans quelques pays d’Europe centrale comme la Tchécoslovaquie et l’Allemagne. Rencontrant un grand succès populaire dans plusieurs contrées, des manifestations internationales commencèrent à être organisées à la fin des années 50 avec des machines monocylindres de 500cc montés dans des cadres adaptés de machines de Speedway, tandis que des Championnats nationaux étaient disputés également dans d’autres classes (125cc, 350cc, sidecars).

En 1961 des compétitions internationales furent organisées à Ufa et à Moscou avec des pilotes venus de Finlande, Suède, Tchécoslovaquie et Union Soviétique. Le suédois Björn Knutsson (vice-champion de la Finale mondiale de Speedway cette année-là et futur Champion du Monde de Speedway en 1965) remporta cette compétition. Plus tard, les manifestations organisées à Helsinki et à Stockholm furent gagnées par le pilote soviétique Boris Samorodov, originaire de la ville d’Ufa.

La première Coupe FIM fut alors organisée en 1963, rassemblant des pilotes d’Union Soviétique, Tchécoslovaquie, Suède et Finlande. Cinq courses eurent lieu en URSS et cinq autres en Suède et en Finlande. Le vainqueur fut Boris Samorodov. Avec un tel succès, la compétition devint un Championnat d’Europe en 1965, organisé en 5 manches éliminatoires et cinq finales (les quatre meilleurs résultats comptant pour le Championnat), toutes organisées en Union Soviétique. A nouveau Boris Samorodov remporta la compétition ; il fut suivi d’un pilote qui allait devenir le plus grand pilote de Courses sur Glace de tous les temps : Gabdrakhman Kadyrov.

Kadyrov au sommet

Le Championnat d’Europe devint un Championnat du Monde en 1966, avec demi-finales à Léningrad et Novossibirsk, et finales à Ufa et à Moscou – toutes les manifestations étant disputées sur deux séries de courses, une le samedi soir, l’autre le dimanche après-midi. Gabdrakhman Kadyrov conquit son premier titre devant Victor Kuznetsov et le tchèque Antonin Svab. Boris Samorodov, 5ème cette année-là, prit sa revanche en 1967, mais ce fut son dernier titre. Kadyrov domina ensuite la scène des courses sur glace jusqu’en 1973. En 1968 il remporta son deuxième titre ; l’année suivante, le Championnat fut disputé sur une seule finale – qu’il gagna. En 1970, la finale fut disputée pour la première fois hors de l’URSS, à Nässjö, en Suède, et ce fut le premier titre d’un pilote non-russe : Antonin Svab termina avec le maximum de points, 15, un de plus que Kadyrov, car il avait remporté leur confrontation direct lors de la manche 4. Le suédois Kurt Westlund termina en troisième position. Puis Kadyrov revint au sommet durant trois années consécutives : en 1971 à Inzell (Allemagne de l’Ouest), à Nässjö en 1972 et à nouveau à Inzell en 1973 – Inzell allait devenir un lieu traditionnel des courses sur glace.

In 1974 à Nässjö, un autre pilote tchécoslovaque, Milan Spinka, domina la finale en gagnant toutes les manches et remporta le titre mondial devant les russes Zibrov et Kadyrov. Ensuite les pilotes d’Union Soviétique entamèrent une domination de plusieurs années. En 1975 à Moscou, une nouvelle génération de pilotes arriva au sommet : Sergei Tarabanko gagna quatre titres consécutifs de 1975 à 78, et Anatoli Bondarenko deux en 1979 et 1980.

Introduction de la compétition par équipes

Des compétitions par équipes étaient régulièrement organisées depuis les années 60 lorsque, à l’initiative de la Fédération russe, un Championnat du Monde de Courses sur Glace par Equipes fut introduit en 1979. Il est évident que les Russes étaient les grands favoris et leur domination en compétition individuelle allait se répéter en compétition par équipes. Mais en 1983 une grande surprise vint de équipe allemande, composée de Max Niedermayer, Helmut Weber et Günther Brandt, qui remportèrent le tire à Berlin, suivis par l’équipe suédoise, les Russes ne terminant que troisième – leur plus mauvais résultat de l’histoire.

En compétition individuelle, 1981 fut l’année de Vladimir Liubitsch, tandis que Sergei Kasakov, après plusieurs places de vice-champion, remporta deux titres, en 1982 et 83. En 1984 la finale avait lieu à Moscou, mais le suédois Erik Stenlund gâcha la fête en gagnant devant Suchov et Ivanov. Dans la finale par équipe, à Deventer, aux Pays-Bas, l’URSS et la Suède étaient à égalité à la fin des courses ; les Russes gagnèrent le run-off. Les Suédois prirent leur revanche en 1985, gagnant facilement face aux Russes.

Dans le Championnat Individuel, par contre, Vladimir Suchov remporta son troisième titre à Assen. Stockholm accueillit la finale de 1986 et les spectateurs attendaient un deuxième titre de leur vedette Erik Stenlund. Mais ce fut le tour pour Yuri Ivanov de gagner le premier de ses trois titres ; Vladimir Suchoiv finit second et Stenlund troisième. Le deuxième titre de Yuri Ivanov vint à Berlin en 87. Mais Erik Stenlund n’avait pas dit son dernier mot : en 1988 à Eindhoven, il gagna son deuxième titre mondial individuel.

Le russe Nikolai Nishenko prit son tour en 1989sur les nouvelles installations à Alma-Ata (Kazakhstan). En 1990, les choses changèrent à nouveau : le finlandais Jarmo Hirvasoja remporta le titre lors de la finale à Göteborg. Puis quatre titres consécutifs allèrent à des pilotes russes. En 1991 ce fut le tour de Sergei Ivanov (frère de Yuri). En 1992 à Francfort Yuri Ivanov remporte son troisième tite. En 1993 la finale se déroula à nouveau en Russie : Saransk vit la victoire de Vladimir Fadeev, devant Alexander Balashov.

La réaction russe vint également dans le Championnat par équipes après la perte de la finale de 1985 : l’équipe russe remporta toutes les finales par équipes depuis 1986 jusqu’en 2010 sauf deux, face aux Suédois : emmenés par le vétéran Per-Olov Serenius, en 1995 et à nouveau en 2002.

Système de Grand Prix Individuel

1994 marque un changement important dans l’histoire des Course sur Glace : un nouveau système de dispute, à l’étude depuis plusieurs années, est finalement mis en place. La Finale mondiale est remplacée par une série de manifestations appelées Grands Prix de Courses sur Glace – à deux exceptions près, en 1997 et 2000 lorsqu’une seule Finale mondiale fut organisée. Chaque Grand Prix garde la même formule qu’une finale mondiale, avec une manifestation le samedi soir et une autre le dimanche après-midi. Quatre manches finales sont ajoutées afin d’établir un classement final quatre par quatre, de la 16ème place à la première. Alexander Balashov remporte son premier titre devant Per-Olov Serenius et un jeune pilote russe, Viatcheslav Nikulin. 1995 est l’année de la Suède : Per-Olov Serenius remporte les Grands Prix Individuels et la Suède gagne la finale par équipes d’un point devant la Russie. Un an plus tard vient la réponse de la Russie, avec cinq de leurs pilotes aux cinq premières places : Balashov, Polikarpov, Nikulin, Fadeev et Lumpov. Ils remportent aussi le titre mondial par équipes. En 1997, le pilote russe Kyril Drogalin remporte le titre à Assen lors d’une finale mondiale unique (l’équipe russe gagne également le titre par équipes à Berlin). Alexander Balashov remporte son deuxième titre en 98, Drogalin est deuxième et Nikulin troisième. En 1999 Fadeev remporte un duel intense face à Balashov et gagne son deuxième titre mondial, Nikulin finissant une fois de plus en troisième position.
Kyril Drogalin remporte son deuxième titre en 2000, une fois encore lors d’une seule finale mondiale à Assen, avec un point d’avance sur le nouveau pilote non russe le plus fort, l’autrichien Franz Zorn. Dès 2001, le système Grand Prix est maintenu et Drogalin gagne son troisième titre. En 2002, Per-Olov Serenius, alors âgé de 54 ans, remporte son deuxième titre mondial lors de la toute dernière course à Inzell face à Viatcheslav Nikulin. Le pilote allemand Günther Bauer remporte son premier Grand Prix cette année-là et en 2003 se bat pour le titre jusqu’à la dernière course. La couronne est finalement conquise par le jeune russe Vitaly Khomitsevitch, juste devant Bauer. En 2004 un autre jeune russe, Dimitry Bulankin, prend la couronne, et depuis 2005 jusqu’à aujourd’hui le champion du Monde est Nikolai Krasnikov, de Russie, bien sûr.

Ecrit par Marc Pétrier

Légendes de haut en bas 

Départ d’une course de championnat national à Moscou en 1961. © MFR

La chose la plus impressionnante en Courses sur Glace: les clous…© MFR

Les six titres mondiaux conquis par Gabdrakhman Kadyrov constituent un record égalé en mars 2010 seulement par Nikolai Krasnikov. © FIM/Marc Pétrier

Le Russe Yuri Ivanov (à gauche) a remporté trois titres de Champion du Monde (1986, 1987 et 1992), et le Suédois Per-Olov Serenius deux en 1995 et 2002. © FIM/Marc Pétrier